Comme une signature. Pour renforcer cet effet, la graphie utilisée reproduit souvent l'écriture cursive. Mieux, une fois sur trois, le nom de maison est un prénom. Comme la signature d'une oeuvre. Sauf que là, ce n'est pas apposé dans le coin, en bas à droite du tableau, mais en plein milieu de la façade ou au-dessus de la porte. De toute façon, en évidence. Donnant ainsi à la bâtisse sa touche finale, la singularisant et lui conférant un statut d'oeuvre dans une mise en scène du privé. Entre simplicité et étrangeté, les noms de maison interpellent le passant. Des bribes d'histoire s'y devinent. Parfois, ces noms caractérisent la demeure à la manière d'une enseigne, d'une devise, voire d'une épitaphe.
A Saint-Brevin-les Pins, station balnéaire de Loire-Atlantique, la densité de ces noms est forte. Anne Chaté a arpenté les quartiers du nord de la ville où belles villas jouxtent petites bicoques. Sociologue de formation, elle a récolté près d'un millier de ces noms. Pas de Sam' Suffit. Mais des Sans-Souci, Ouf Ça Y Est, Ker DS, 36 Chants d'Ailes ou le paradoxal Intimité. Ainsi que des diminutifs en -ettes, des adjectifs Petit ou plein de Nid, qui tous claironnent la modestie. Elle les a d'abord classés (lire ci-dessous). Puis, interrogeant certains habitants, elle a analysé le jeu de dévoilé-voilé qui sous-tend cet usage (1). A l'issue de ce travail, 20 % des noms restent mystérieux, enfouis à jamais dans la tombe ou l'inconscient de leurs auteurs. Et, du coup, livrés à l'imagi