Menu
Libération

Pique et pique et vole encore

Article réservé aux abonnés
publié le 20 avril 2004 à 0h17

Côté face : l'allure et le compte en banque du client idéal. Côté pile, ce costard cravate qui avoue «dépenser sans compter», adore filouter les supermarchés. Quand Christophe A., 32 ans, cadre dirigeant dans la publicité, sort d'une grande surface il a toujours le chariot plein et rarement les poches vides. Pour avoir la «satisfaction de faire une bonne affaire en échange de tous mes achats quotidiens», ce jeune père de famille a une manie : glisser ni vu ni connu «des petits trucs» au fond de sa veste. Ses derniers larcins : un pot de girolles, un pinceau de nappage et, «par habitude, les produits petits et chers» : piles, lames de rasoir, rouges à lèvre et crayons pour sa femme. Chaque fois, il vient gonfler en toute connaissance de cause le trou abyssal constaté par la grande distribution à l'heure des comptes : 5,6 milliards d'euros en 2003, soit 1,43 % du chiffre d'affaires annuel du secteur en France (1). Christophe persifle : «Les distributeurs augmentent le prix de leurs produits pour se rembourser le montant des vols. Moi aussi, je me rembourse.» Autre justification : «Vous trouvez normal d'être obligé d'acheter un lot de joints de robinetterie quand on n'a besoin que d'un exemplaire ? Moi non. Alors j'ouvre le sachet et je me sers.» Des vols d'impulsion courants dans les grandes surfaces.

L'impulsif

Jean, 45 ans, informaticien, se souvient avoir fait de grosses courses avec sa femme, Marie, à Noël dernier. Elle poussait le chariot, lui lisait son journal en marchant