Ils sont minces, souvent jeunes, dans tous les cas bien portants, et pourtant ils se bousculent de plus en plus chez les nutritionnistes. «D'habitude je vois des gens malades ou très malades», raconte Arnaud Basdevant, chef du service de nutrition de l'Hôtel-Dieu à Paris. «Mais là, les gens arrivent avec une demande toute bête, d'une naïveté touchante, mais aussi un peu effrayante.» Docteur, comment mange-t-on normalement ?
Cacophonie. Il y a quinze jours, c'est même une mère de famille de 55 ans qui lui a posé la question. Elle voulait savoir si elle mangeait assez lacté pour prévenir l'ostéoporose. A Jacques Fricker, nutritionniste à l'hôpital Bichat, on a demandé s'il fallait continuer à manger des corn flakes au petit-déjeuner. Et le repas du soir, «faut-il qu'il soit plus léger ou plus copieux que le déjeuner» ? Arnaud Basdevant s'étonne encore. «Ils sont en pleine santé et viennent demander quelle est la règle pour bien manger.» C'est nouveau et, selon lui, «cela répond à la cacophonie des conseils alimentaires. Mais c'est aussi la rançon des campagnes de prévention, les gens finissent par avoir la trouille». De devenir obèse, d'accumuler le mauvais cholestérol, de s'exposer au diabète.
En général, les médecins commencent alors par essayer de comprendre ce qui se cache derrière la question. «S'agit-il d'un problème avec le corps ? Psychologique ? Ou bien peut-être que, tout simplement, on ne leur a jamais appris à manger, continue Arnaud Basdevant. Dans ce cas-là, on leu