Lyon de notre correspondant
C'est un moment jubilatoire. Une heure d'humour et de poésie. Chaque week-end depuis le 1er mai, un crieur public s'installe à Lyon, sur la place de la Croix-Rousse. Le samedi et le dimanche à 11 heures, alors que le marché, à côté, bat son plein, il lit les messages que lui laissent les habitants du quartier. Il clame, hurle ou murmure petites annonces, faire-part, insultes ou bonnes adresses.
Déambulation. Le crieur porte képi, chemise blanche, costume de garde champêtre. Il s'appelle Gérald Rigaud, a 29 ans. Il a disposé une dizaine de boîtes aux lettres dans des commerces du quartier, ainsi qu'à la bibliothèque municipale et dans un club de pétanque. Il fait sa tournée en fin de semaine, puis ramasse encore quelques derniers messages samedi et dimanche tôt le matin, lors d'une déambulation en triporteur. Enfin, à 11 heures, il est temps de donner la criée. Il sort de sa remorque un long pupitre en bois, l'installe, déplie deux marches, puis grimpe et se présente : «J'appartiens au ministère des rapports humains.» Un coup de cloche, il commence.
Gérald déplie un à un, lentement, les papiers récoltés, grandes feuilles et petits brouillons. Il prend le temps de les lire en silence. Ses sourires et hochements de tête mettent le public en haleine. Selon le message, la voix se fait stentor ou caresse. La lecture se transforme en savoureux cadavres exquis. «Cherchons troisième colocataire pour un grand appartement donnant sur la cathédrale, loyer 300 eu