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Libération
Interview

«Les élèves apprennent la démocratie»

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publié le 24 mai 2004 à 0h45

Les conseils de classe du troisième trimestre approchent. Seuls deux élèves délégués pourront y assister, exemple parfait de «démocratie délégative». Les élèves s'en remettent à d'autres mais, effet presque automatique, la classe plonge dans la passivité. Préoccupés par cette inertie, des chercheurs (1) ont mis au point un dispositif de «démocratie participative» (lire ci-dessous). Entretien avec Claire Rueff-Escoubès, psychosociologue, auteure de La démocratie dans l'école, une pratique d'expression des élèves (2) et l'une des conceptrices d'une méthode qui va bien au-delà du cadre scolaire.

Quel est l'enjeu de votre méthode ?

Il ne s'agit pas de désorganiser la vie scolaire mais de la vivre autrement. La délégation était une avancée démocratique ; elle n'est plus suffisante aujourd'hui. Trop réductrice puisqu'elle n'est pas offerte à tous. Dans notre démarche, tous les élèves sont égaux dans le groupe. Leur position sociale et institutionnelle, c'est d'être tous élèves et, à ce titre, ils ont tous le droit d'exprimer avec leurs mots ce qu'ils vivent à l'école. L'enjeu est d'opérer un changement de mentalité. Dans tous les domaines de la vie sociale, les gens ne prennent la parole qu'en fonction de leur place hiérarchique.

Quels sont les effets pervers de la délégation ?

Partout, on en voit les limites. En politique par exemple, la base ne se sent pas entendue par le bureau national. A l'école, beaucoup d'enfants se contentent d'être élèves. Ils sont là sans être là. On pourrai