C'est la grande complainte du vin : non seulement les crus français voient leur part du marché mondial grignotée par des Antipodiens sans foi ni loi, mais les Français eux-mêmes se comportent en mauvais patriotes en consommant de moins en moins. A coups de loi Evin et de contrôles routiers, les gouvernants finissent de tuer le métier. N'en déplaisent aux viticulteurs et restaurateurs qui cultivent ces discours poujadistes, ce recul est d'abord de la faute des professionnels eux-mêmes, qui ne savent pas séduire le consommateur. Sommairement, voilà la conclu- sion qu'il est possible de tirer d'une nouvelle étude réalisée par l'Office interprofessionnel des vins (Onivins) sur la distribution dans la restauration.
Régime sec.
Il convient d'abord de relativiser le catastrophisme cultivé par la profession. Les restaurants sont loin d'être au régime sec. Tout juste à marée basse : les achats en vins du secteur ont bien régressé l'année dernière, mais de 4 % seulement. Pour Françoise Brugière, chef de la division des études de marché à l'Onivins, cet effritement est imputable à des «problèmes structurels» et non au discours sur la sécurité routière. Sans remonter aux temps glorieux où l'ouvrier pouvait toucher cinq ou six bouteilles par jour en guise de complément de salaire, la consommation par tête s'est effondrée de près de moitié en trente ans. Un repas sur deux, il y avait une bouteille sur la table familiale. Désormais, c'est moins d'un repas sur quatre. L'habitude de boire chaq