Jacques Santini, le sélectionneur de l'équipe de France, passe son Euro à se justifier. Il n'est pas le seul. Comme lui, ils sont des millions de Français à se triturer le cerveau. Pas pour savoir si Zidane doit jouer au centre ou à gauche. Mais pour trouver de nouveaux arguments qui permettront de convaincre Madame que, ce soir, comme tous les soirs, le match est «absolument» immanquable. Jean-Michel, un vrai accro, se sent déjà à court d'idées. «Il faut expliquer en quoi c'est exceptionnel. En rajouter. Vendre l'affiche comme TF1.» Pas si simple. Avant le début du championnat d'Europe, il a bien tenté de surligner dans un calendrier les rencontres à ne pas louper. Mais il a dû renoncer, «il y avait du Stabilo partout». Alors il négocie au cas par cas. Il n'a pas reconduit le «contrat écrit» signé il y a quatre ans en début de saison avec sa femme, qui précisait la fréquence de matchs par semaine et comportait un alinéa pour l'Euro et la Coupe du monde. Cette fois, il a choisi d'enregistrer la plupart des matchs et de les regarder la nuit, quand sa famille dort.
Bidon. Damien, lui, ne survend pas l'enjeu. Il s'invente des obligations : soutenir son frère qui passe le bac, récupérer une voiture chez un ami. Lionel, de son côté, s'est fait spécialiste en «marchandage». Pour chaque match qu'il rate, même le plus bidon, il fait croire à un «incroyable sacrifice» pour mieux négocier les suivants.
Quand la France joue, les discussions s'animent encore un peu plus. En 1996, 31 % des