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Libération

Parole libre face au cancer

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publié le 3 juillet 2004 à 1h19

«Ici, quand on entre, on ne sait pas qui est malade et qui ne l'est pas», remarque une psychanalyste. Autour de la table, cinq, six, dix personnes, c'est selon. Des femmes en majorité. Du thé, des gâteaux. Ceux qui s'assoient ici ont tous une histoire avec le cancer : qu'ils soient en rémission ou en cours de traitement, proches ou parents de malades, accueillants et parfois psychanalystes. L'Association psychisme et cancer, créatrice de cette permanence, a été fondée sur ce partenariat, en 1991 : par une malade, son cancérologue et son analyste (1). «Ici, le malade a une parole absolument libre, résume Françoise Bessis, psychanalyste et animatrice du lieu. On ne connaît du patient que ce qu'il nous dit.» Loin des contraintes hospitalières, on vient avec ou sans rendez-vous, on peut rester dix minutes ou toute l'après-midi (2). 174 nouveaux consultants ont été reçus l'an dernier, dont trois-quarts de malades et un quart de proches. A l'heure du «plan Cancer», l'association, subventionnée par l'assurance maladie, est l'un des rares lieux en France où les accueillantes ­ entourées de psys ­ ont cette double expérience de la maladie et de l'analyse.

«Un temps de répit»

Joëlle, la quarantaine, est venue en plein traitement, voilà deux ans et demi, après avoir pianoté «psychisme» et «cancer» sur Internet. «Quand j'étais très mal, je ne ratais aucune permanence. C'était un rendez-vous important pour moi. Je me poussais à y aller. Pendant les traitements, on n'a pas d'objectifs, horm