Les fous votent à gauche. Catastrophiquement résumé, tel est le constat établi par deux chercheurs qui ont étudié le vote de malades mentaux allemands (internés) lors des élections au Bundestag de 1994, 1998 et 2002. Ce résultat, publié dans la revue Psychiatrische Praxis (vol. 30, n° 8, pp. 444-9), doit être analysé avec circonspection. Primo, il ne faut pas en inférer qu'il faut être fou pour voter à gauche : la chose n'est pas scientifiquement démontrée à ce jour. Secundo, l'important ici n'est pas tant la préférence partisane exprimée que la motivation du vote. Car l'article relève qu'un nombre important de malades mentaux disent accorder leur bulletin à ceux des partis (Verts et sociaux-démocrates) qui portent le plus d'attention à l'univers psychiatrique et à ses problèmes. Pas fous les fous. Plus étrange est la conclusion qu'en tirent les auteurs de l'article : «La décision de vote des malades mentaux apparaît partiellement liée à leurs intérêts spécifiques, ce qui leur confère un statut de quasi-lobby. Ceci devrait être pris en considération dans les évolutions futures des systèmes des soins psychiatriques.»
Que signifie ce jargon ? Qu'il faut se méfier des fous parce qu'ils peuvent se constituer en groupe de pression ? Auquel cas «l'évolution des systèmes de soins» évoquée par les chercheurs pourrait consister à resserrer la camisole chimique d'un bon cran afin d'éviter toute mauvaise surprise. Autre hypothèse : le vote à gauche des malades mentaux signerait, selon c