De dos, on dirait une gamine. Blonde et menue, Déborah, 24 ans, détaille pourtant d'un oeil gourmand les barreaux de chaise alignés dans la vitrine humidifiée d'une «civette» parisienne, un bureau de tabac doté d'une cave à cigares. Après en avoir tâté puis humé quelques-uns, elle arrête finalement son choix sur trois robustos Ramon Allones de Cuba. «J'aime les gros modules, confie-t-elle. J'en fume un par jour.» Par goût, par provocation ou les deux à la fois ? Elles seraient en tout cas de plus en plus nombreuses celles qui, à l'instar de Déborah, s'approprient ce produit si masculin, symbole séculaire de virilité et de puissance. «Des clientes régulières en petite mais constante progression», témoigne la gérante de la «civette», Delphine Cartron, 31 ans, qui cultive une véritable passion pour les churchills et autres doubles coronas.
A celles qui venaient ici à la demande de leur fils ou mari munies d'une liste précise, se sont d'abord ajoutées les «amoureuses». «Elles veulent faire plaisir à leur compagnon à l'occasion d'un anniversaire, de la Saint-Valentin ou d'une soirée un peu spéciale», explique Delphine Cartron. Une clientèle réceptive que la jeune femme n'hésite pas à taquiner : «Et pour vous, madame, un petit cigare aussi ?» Dans l'affirmative, elle les oriente vers un panatela, cubain de préférence, ou encore vers les cigares commercialisés par Maya de Selva, une Hondurienne installée en France, dont elle vante les «arômes de cacao et de miel».
Puis viennent celle