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Libération
Interview

«Le soleil s’est imposé au fil des ans»

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Christophe Granger, historien de la culture météorologique des vacances.
publié le 31 juillet 2004 à 1h37

«Pourvu qu’il fasse beau !» C’est toujours, avant les vacances, la même antienne. De plus en plus de Français sont, dit-on, prêts à payer pour obtenir des prévisions météorologiques sur mesure. L’obsession du «temps qu’il fera» est particulièrement vive à la veille des vacances estivales. Aujourd’hui, cela nous paraît évident. Pour autant, l’association soleil-vacances n’a pas toujours été systématique. Historien, au Centre de l’histoire sociale du XXe siècle, Christophe Granger s’est intéressé à la construction, au fil des ans, de cette culture météorologique des vacances (1).

Depuis quand la préoccupation du climat est-elle associée aux vacances ?

Elle est déjà en germe au début du siècle dernier. Mais elle est d'abord liée à des impératifs de santé. Ce sont les médecins qui, en fonction de la composition de l'atmosphère, du degré d'ensoleillement, etc., proposent telle ou telle destination estivale. Les préoccupations sont d'abord hygiénistes avec l'essor, à la belle époque, de l'héliothérapie et de l'actinothérapie (2). Les mères de familles bourgeoises sont invitées à consulter le médecin pour déterminer avec lui le lieu le plus approprié au tempérament des enfants : montagne «tonifiante» pour les apathiques, mer du Nord ou Manche «stimulante» pour les indolents, campagne «sédative» pour les turbulents. Ecrits, traités, conférences scientifiques conduisent peu à peu à codifier les conditions météorologiques des vacances en fonction des impératifs médicaux. Mais au