C'est un peu l'exercice obligé de tout voyageur qui se respecte : surtout ne pas revenir les mains vides. Pour prouver que l'on y est bien allé, rapporter, pour soi ou pour offrir, un bout d'exotisme et faire baver ceux qui sont restés? Ou simplement continuer de rêver un peu? Il y a les broutilles (porte-clés, épices, tee- shirt), les produits vedettes propres à chaque culture (plats à tajine marocains, masques africains, boomerangs australiens) et les trouvailles qui rendent particulièrement fiers parce que «c'est sûr, c'est un modèle unique». Ces objets venus d'ailleurs s'exposent fièrement dans les salons où s'entassent dans des vitrines avant, de temps en temps, de finir dans un placard ou dans un vide-grenier. Toutes ces choses grandes ou petites, chères ou gratuites passionnent Anna Zisman, 38 ans, ethnologue au CNRS (1). Non pas pour leur valeur intrinsèque mais pour les souvenirs qui les accompagnent. Entretien.
Pourquoi les objets rapportés de voyage ont-ils une signification particulière ?
Même si l'objet n'a pas de valeur en soi, on fait semblant de croire qu'on acquiert quelque chose de vrai, d'unique, d'historique. On va chercher ce qui n'existerait plus ici : de l'authentique. On l'achète pour le ramener à la maison et se montrer à travers. L'achat permet aussi de se donner bonne conscience : on fait marcher l'artisanat là où ça va mal. C'est un faire-valoir, l'idée qu'on est bon en achetant du bien et du beau.
Cherche-t-on à rapporter l'objet le plus insolit