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Libération

Le salut est dans le bonjour

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publié le 30 août 2004 à 1h56

L'expression «simple comme bonjour» devrait être proscrite. Il faut donner trois bises au cousin d'Annecy. En faire une quatrième à une Provençale en visite. La semaine suivante retirer sa joue en suspens après un second contact charnel à Paris. Sans oublier de tendre virilement la main à son petit cousin, qui n'effleurerait un visage pour rien au monde. Pour s'y retrouver, bonjour !

«Rituel». Chacun y va de son explication. «Chez moi...», «chez nous...», «dans ma région...»: les salutations varient selon les origines familiales et régionales. En fonction du contexte et des tempéraments. En la matière, impossible de parler de mondialisation ou de «nationalisation». Même les films et la télévision, véritables machines à uniformiser, ne changent pas ces habitudes locales. Et si chacun a sa façon de saluer, il ne viendrait à personne l'idée de s'y soustraire. «C'est un besoin de reconnaissance. Une des premières choses qu'on apprend à un enfant», explique Dominique Picard, auteur du livre Politesse, savoir-vivre et relations sociales (1). Plus que d'«habitudes» ou de «réflexes», Dominique Picard parle d'«intériorisation de la norme» : le contact «obéit à des règles». Selon la sociologue, ce serait à la personne «en position inférieure» de dire bonjour en premier : l'employé à son chef de service, l'élève à son professeur, l'homme à la femme, etc. «Si l'enfant ne salue pas, sa mère le rappellera à l'ordre : "Dis bonjour à la dame."» Réac ? «Rituel», assure la sociologue. Même si