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Libération

Des profs qui doivent avoir la classe

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publié le 2 septembre 2004 à 1h59

C'est sa tactique tous les ans. Aujourd'hui, pour la rentrée des classes, Adèle, professeure de français dans un collège de Seine-Saint-Denis, devrait être perchée sur des talons très hauts. «Il n'y a plus d'estrade dans les salles depuis belle lurette, explique-t-elle, et j'ai besoin de dominer la situation ce jour-là.» Comme d'autres, cette enseignante sait bien que le premier contact avec une nouvelle classe donne le ton de l'année scolaire qui commence. Pas question de rater le coche.

Tout comme les élèves choisissent avec soin les vêtements qu'ils vont porter le jour J, les enseignants réfléchissent, eux aussi longuement à la tenue la plus appropriée. «Il se passe ce jour-là quelque chose de l'ordre de l'entrée en scène», souligne le sociologue Jean-François Amadieu (1). Avant même de prononcer un mot, l'enseignant sait qu'il sera jugé sur sa seule apparence. Surtout, ne pas donner prise à la raillerie.

«Vieille dame». Pascaline, jeune agrégée de lettres classiques, s'est imaginée tout l'été dans son nouveau rôle. Seule devant une classe pour la première fois de sa vie. «J'ai peur de faire trop jeune. Et en même temps, je n'ai pas envie de me déguiser en vieille dame.» Pour asseoir son autorité, elle a choisi de troquer ses lentilles de contact contre une paire de lunettes. «J'ai peur, aussi, d'être trop féminine», confie encore la jeune femme, qui s'est acheté de larges chemises opaques et des pantalons flottants. «Je voudrais disparaître un peu. Etre le plus neutre poss