On le sait bien, les marques ont envahi les écoles. On le sait moins, le phénomène touche jusqu'à ses outils pédagogiques. Au nom de principes éducatifs, des entreprises réalisent des brochures, cassettes vidéo, mallettes et autres CD-Rom sur lesquels elles apposent leur logo avant de les envoyer aux profs. En 2001, suite à certaines dérives, une circulaire de Jack Lang avait bien tenté d'encadrer ces pratiques. Trois ans plus tard, pourtant, certaines entreprises ont relégué ce «code de bonne conduite» au fond d'un vieux cartable. Plaçant les professeurs face à un dilemme : utiliser ou non ces documents plus ou moins pédagogiques.
Public captif
A 6 mois, un bambin reconnaît un logo. A 3 ans, il se souvient d'une marque. Dès l'enfance, il est donc possible de le fidéliser. Des statistiques démontrent qu'en moyenne une personne met plus de quinze ans à quitter son premier établissement bancaire. Or jamais un enfant ne sera aussi captif que dans une salle de classe. Et aucun autre cadre n'offrira une telle crédibilité à une entreprise. Pas étonnant, donc, que les banques sponsorisent, pour les cours d'économie, des documents sur le budget et le crédit. Comme il est peu surprenant que Nestlé ou Danone distribuent des kits sur le nécessaire équilibre alimentaire.
Certes, ces opérations ont un coût. Si les entreprises rechignent à le révéler, il est possible de s'en faire une idée. Selon l'Institut national de la consommation (INC), une brochure de 50 pages tirée à un million d'exem