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Libération

A Lille, la faim justifie les deux mains

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publié le 28 octobre 2004 à 2h45

Lille, de notre correspondante.

Un resto où l'on mange avec les doigts. On en rêvait. Arracher d'un coup de dents une cuisse de poulet, tremper des petits trucs dans une sauce au miel, se lécher les doigts façon Gargantua, on a cru trouver le filon. Ça s'appelle Au bout des doigts, le dernier-né des restaurants du Vieux-Lille. Un endroit «sans assiettes ni couverts», annonçait la Voix du Nord, avant même son ouverture en août. «Quand j'étais consultant, raconte le patron, Christophe Pascal, je mangeais souvent dans des cocktails dînatoires. Avec les doigts. De retour à la maison, je me servais dans le plat. J'ai eu l'idée de faire un restaurant.»

Question doigts, ça avait bien commencé : à l'entrée de la salle, des lavabos se proposent de les laver. Deux vasques en Inox chromé sur une monumentale table en chêne à pieds de lion. Le reste du décor, signé du Lillois Rémy Pagart, est aussi drôle : murs de briques peintes ­ parme et fuchsia ­, charpente métallique, béton ciré au sol et chaises asymétriques au dossier de velours à motifs rococos.

Bouchées. Premier hic, les couverts sur les tables : une fourche minuscule et une cuillère à moka. On vous tend une carte. Rien dessus, ou presque. Ici, on ne mange que des surprises. Plat, fromage, dessert : tout se grignote en «bouchées», et on ne choisit rien. Mais on a une indication : légumes, viandes, poissons, ou les trois. Et jamais pareil. Le cuisinier, Alain Retailleau, conseillé par Olivier Pichot, ancien chef de cuisine du Fouque