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Libération

Deux siècles d'art de faire-part

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publié le 10 novembre 2004 à 2h57

L'un derrière l'autre dans une sorte de biplan, une fillette et un garçonnet larguent une rafale de biberons, comme autant de missiles. Alice et Bruno Vial annoncent ainsi la naissance de leur frère Antonin, le 2 mai 1991, juste après la première guerre du Golfe. «Je voulais que ça dépote et que ça choque mes parents», rigole leur père, le peintre et illustrateur Nicolas Vial. Ses biberons iconoclastes voisinent avec une eau-forte de Claude-Emile Thiery datant de 1861 : sous une feuille de chou, se découvre un bébé nu. Deux styles de faire-part de naissance parmi les 250 documents exposés dans la bibliothèque pour enfants parisienne l'Heure joyeuse (1). Bien que touffue ­ car l'espace est compté ­, la présentation réhabilite ces «petites pièces éphémères», témoins d'un «art modeste», selon Françoise Lévèque, bibliothécaire responsable du fonds historique et commissaire de l'expo. Elle a fait la part belle à deux siècles de création artistique et, cadre oblige, aux illustrateurs de livres pour enfants. Surprise : ceux-ci n'ont pas tous jeté aux pelotes l'iconographie traditionnelle pleine de choux, roses, cigognes, nids ou oeufs.

Humour. Comme souvent, tout est parti d'une histoire personnelle : «Pour mes deux enfants, je n'ai pas envoyé de faire-part, et ça m'est resté au fond du gosier, confie la bibliothécaire. Pas le temps de les présenter, de les annoncer, de les faire exister davantage.» C'est que, outre cette fonction d'annonce, le faire-part signe, comme son nom l'indi