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Libération

A Dijon, l'art plastique adoucit les tumeurs.

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publié le 25 novembre 2004 à 3h09

Dijon, envoyé spécial.

Sur le comptoir d'accueil du centre anticancéreux Georges-François-Leclerc de Dijon, en lieu et place de l'habituel bouquet de fleurs, une femme allongée. En bronze. Une oeuvre d'Adewuyi Kehinde Ken, dit Kenny. Un grand artiste du Nigeria. Une petite étiquette mentionne le titre de l'oeuvre : Ça pourrait être vous. A deux pas, sur un socle, une autre femme en bronze, debout, plus loin, une autre allongée : Dixième Mois, Ne perds par courage. Partout dans le centre, de sortie d'ascenseur en salle d'attente, ces êtres de bronze de Kenny aux jambes démesurées et à la tête minuscule, un corps au bord de l'engloutissement. Dix-huit sculptures à portée de main, sans vitrine, proches. Une impression forte qui conjugue impuissance et puissance, espérance et désespoir. Des sentiments contradictoires que connaissent bien ceux qui fréquentent le centre pour des consultations, des soins, des séances de chimiothérapie.

Cerfs-volants. Il y a quelques années, le centre anticancéreux de Nancy eut le premier l'idée de proposer des expositions à ses patients, à ses visiteurs, à son personnel. Il y a deux ans, le directeur du centre de Dijon, le professeur Jean-Claude Horiot, a voulu aller plus loin en installant les oeuvres non dans une salle mais partout. «Quand un patient vient pour trente séances de radiothérapie, il passe trente fois devant les oeuvres. Il a tout le loisir de les regarder pendant ses dix à quinze minutes d'attente. Faites le calcul : le temps passé ex