Dans nombre de cuisines, le calendrier 2004 reste bloqué au mois de janvier toute l'année. Certains tiennent jusqu'aux vacances d'été ; seuls quelques rares opiniâtres tournent les pages jusqu'en décembre. Tous pourtant réinvestissent ces jours-ci dans le spécimen 2005. Sans réfléchir. Car à l'ère de l'agenda généralisé, du Palm Pilot et de l'éphéméride télévisé pluriquotidien, qui peut encore avoir besoin d'un calendrier pour se repérer dans le temps ? Voilà bien le mystère de cet objet apparemment désuet, originellement pratique, mais qui se vend aujourd'hui plus pour ce qu'il véhicule ou ce qu'il dévoile que pour ce qu'il renseigne. Une sorte d'objet passe-partout, qui sert à rien et à tout.
Muscles et silicone. Selon la Poste, les facteurs vendent chaque année 15 millions de calendriers. Auxquels il faut ajouter les 18 millions d'almanachs proposés par les pompiers. Sans compter les innombrables oeuvres d'art et de fesses qui se vendent par centaines de milliers. Des muscles saillants des rugbymen du Stade français aux contours siliconés de Loana en passant par les arts tibétains, les clichés de Yann Arthus-Bertrand et ceux de l'avent, les calendriers s'accumulent dans les rayons des grandes surfaces.
On compte ainsi largement plus de calendriers vendus que de foyers. Mais, bon sang, que font les gens de tous ces calendriers ? Certes, les enfants aiment savoir quel jour tombera leur anniversaire ; les adultes, s'ils feront le pont le 1er mai. Mais tout de même : les collec