«Ils se moquent de mon français et de mes expressions», «ils ne m'aiment pas», «je me sens ridicule devant eux»... Ces plaintes, le Dr Ota, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne, les entend chaque jour. Venus s'installer à Paris, ils sont plus d'une centaine de Japonais à sombrer chaque année dans un étrange état , surnommé «syndrome de Paris», une dépression qui peut se transformer en délire de persécution ou conduire à des tentatives de suicide et qui se déclenche au bout de trois mois en France. D'abord légère déprime après quelques mauvaises expériences dans la vie quotidienne, puis très vite l'angoisse, la peur de sortir, la phobie dans les transports qui prennent le pas. Ne voulant pas renoncer à leur rêve parisien, les patients refusent pourtant de rentrer au Japon.
Souvent, la situation tourne mal. Et, dans 25 % des cas, une hospitalisation est nécessaire avant le rapatriement. Selon le Dr Ota, lui-même japonais, «le phénomène se manifeste chez ceux qui n'ont pas la capacité de s'adapter à la France à cause d'un choc issu de la confrontation entre deux cultures». Bernard Delage, président de l'association Jeunes Japon, précise, en évoquant la rigidité de la société nippone de type patriarcal : «Ce sont, en général, des jeunes filles très gâtées et protégées. Mal préparées aux libertés occidentales, elles déraillent.» Un tableau complété par Mario Renoux, président de la Société franco-japonaise de médecine : «Les rapports sociaux sont très différents : l'esprit de groupe