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Libération
Interview

Quand la cuisine corsetait la ménagère

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Habitat. L'architecte Catherine Clarisse raconte l'évolution de cette pièce depuis le XIXe siècle:
publié le 14 décembre 2004 à 3h28
(mis à jour le 14 décembre 2004 à 3h28)

Pièce de service ou pièce à vivre ? Lieu de la toute-puissance ménagère ou de la vie familiale ? Selon les modes de vie, la cuisine concentre l'un ou l'autre usage. Dans certaines maisons individuelles, on parlera encore de «salle» : la pièce où l'on entre du dehors, où l'on cause, joue, cuisine et mange. En appartement, c'est une tout autre affaire. En fait de «salle», la cuisine sera souvent «américaine», ouverte sur le séjour. Autre modèle possible : une pièce séparée mais riquiqui où il est difficile de s'asseoir, de travailler à plusieurs, de prendre ses repas.

Au cours des années 50-60, cet espace devient le royaume de la femme, reine des arts ménagers et assujettie à ses robots. Dans Cuisine, recettes d'architecture (1), Catherine Clarisse, elle-même architecte et enseignante à Lille, raconte l'évolution de ce lieu, depuis l'appartement bourgeois avec domestiques du XIXe siècle jusqu'aux logements sociaux actuels, en passant par la cuisine rationaliste de Francfort.

Outre la démonstration, plans à l'appui, d'un espace qui se réduit comme peau de chagrin, les «fiches-cuisine» du livre retracent une histoire des usages, de l'hygiène, du stockage des denrées, de la prééminence des «cuisinistes»... et surtout de la place de la femme. Aujourd'hui, partage des tâches aidant, la pièce à vivre a le vent en poupe. Entretien.

Pourquoi la table et les chaises ont-elles disparu de la cuisine ?

En 1869, avec la première cuisine sans table de l'Américaine Catharine Bee