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Libération

Un couple ruiné par sa propre banque

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publié le 16 décembre 2004 à 3h30

Strasbourg de notre correspondant

«C'est le livre le plus important à la maison.» Marie-Odile Schmitt, 47 ans, soulève le rapport de l'expert, un document d'une centaine de pages décortiquant l'engrenage qui les a conduits au désastre. Dans leur appartement du Neuhof à Strasbourg, Marie-Odile et son mari Jean-Luc racontent le combat inégal engagé depuis quatre ans contre le Crédit mutuel Centre-Est Europe.

«Plongeon». D'un côté, un mastodonte financier, 5,9 milliards d'euros produit net bancaire en 2003 (+ 10,9 %), en position de quasi-monopole sur l'est de la France. De l'autre, un couple «moralement et financièrement anéanti», privé de carte bancaire, de chéquier, et même de revenus depuis la fermeture en juin de son commerce strasbourgeois. Jean-Luc est atteint d'un cancer. «Mais il ne peut pas toucher sa pension d'invalidité parce que le Crédit mutuel bloque la vente de notre commerce. On vit aux crochets de ma mère», enrage Marie-Odile.

L'histoire débute en 1989 quand ils se font happer dans une spirale financière. A l'époque, leur commerce (tabac, presse, PMU) marche bien. Ils cherchent un placement et le Crédit mutuel leur propose de souscrire 60 parts d'une SCPI (société civile de placement immobilier), «pour payer moins d'impôts». L'investissement de 300 000 francs est financé par un prêt de la banque, du même montant, au taux de 8,6 % sur quinze ans. Au passage, la banque s'octroie 72 000 francs de frais de placement... La simulation présentée au moment de la signatur