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Libération

«Et les crashs alors, c'est de l'intox?»

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publié le 20 décembre 2004 à 3h33

Vent violent en rafale, pluie, ciel gris ras la casquette sur l'aéroport d'Orly : «Dans le genre conditions épouvantables, difficile de faire pire», prévient Noël Chevrier, le commandant de bord. Son second est seul aux manettes. Derrière lui, dans le cockpit, trois phobiques, tétanisés à l'idée de prendre l'avion. Ronflement du réacteur, poussée, les mains se crispent, décollage. L'appareil s'arrache: bruit sourd, c'est le train d'atterrissage qui rentre ; chute brutale du niveau sonore, le pilote vient de baisser le régime moteur, d'où cette impression de perdre d'un coup de la hauteur ­ «c'est simplement l'angle de montée qui diminue». Même ton calme : «Panne du réacteur droit, on fait demi-tour.» L'avion entame un virage à 25° d'inclinaison, le maximum autorisé pour ne pas trop gêner le confort des passagers. «On a encore de la marge», s'amuse le pilote en basculant le manche jusqu'à ce que l'aiguille atteigne 60°. L'avion semble sur la tranche. Virage, alignement à l'aveugle sur une piste à peine balisée, l'appareil se pose en douceur sur son seul moteur. Dans le cockpit du simulateur ­ un Airbus A300 monté sur des vérins ­, on s'y est cru. Ce n'était que l'exercice phare du stage antistress d'Air France (560 euros) censé soigner, en quelques heures, la peur de l'avion.

Tout en double

L'avion est le moyen de transport le plus sûr. Depuis près de vingt ans, les accidents sur des gros porteurs font entre 500 et 1 500 morts par an, ce qui en ferait, selon les compagnies, un