Menu
Libération

Le trou de la Sécu version superstition

Article réservé aux abonnés
publié le 20 décembre 2004 à 3h33

Quoi que prétende le ministère de la Santé, toutes les pistes n'ont pas été explorées pour réduire le déficit de l'assurance maladie. A-t-on étudié l'influence des superstitions sur le système de soins ? En a-t-on même parlé ? Bref, a-t-on mis toutes les chances de notre côté ? Le Japon, lui, l'a fait. Le professeur Tsuguya Fukui et quatre de ses étudiants se sont penchés sur le cas de l'hôpital universitaire de Kyoto. Ils se sont aperçus que le nombre de patients quittant l'hôpital les «jours de chance» (Taian) était anormalement élevé, tout comme il était anormalement bas les «jours de malchance» (Butsumetsu). Ce qui signifie que certains séjours hospitaliers sont plus longs qu'ils ne devraient l'être, les patients voulant sortir dans les conditions les plus «favorables». Coût pour l'hôpital : environ 45 000 euros par an, ont calculé Fukui and Co (British Medical Journal, vol. 317, pp. 1680-1683).

Le personnel soignant a lui aussi ses petites manies. En Angleterre, vous n'entendrez jamais un membre du service des urgences dire : «It's very quiet today, isn't it ?» (c'est très calme aujourd'hui, non ?). Car alors vous pouvez être sûr que les polytraumatisés vont pleuvoir sur le service comme jamais dans l'histoire de la médecine. Quiet est le mot banni, c'est le «Q-word». Des chercheurs ont essayé de voir si cette croyance avait un quelconque fondement. Au Princess Margaret Hospital de Swindon, durant l'été 2000, on a tiré chaque matin à pile ou face avec une pièce marquée Q