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Libération

Casting pour mélodies en sous-sol

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par Léo SADUSI
publié le 30 décembre 2004 à 3h40

Le bureau d'Antoine Naso ressemble à celui de n'importe quel impresario : il pose avec ses poulains dans les cadres à photo. Il n'est pourtant pas un agent comme les autres : il dirige l'EMA (Espace métro accords), la structure qui recrute les chanteurs du métro parisien. Recrute ? Oui, ici aussi, on passe un casting. Malgré votre connaissance épatante du biniou et votre savoir-faire au triangle avec les orteils, vous ne pourrez pas vous produire dans le métro comme ça.

Les candidats sont un millier à se présenter, deux fois par an (1), devant un jury d'agents RATP «capables de se mettre dans la peau des voyageurs». Avec l'espoir de décrocher l'une des 350 accréditations. «350, c'est l'équilibre, estime Antoine Naso. Au-delà, les musiciens auraient tendance à se marcher sur les pieds. Le réseau ne comporte que 380 stations !» En 1989, la RATP avait tenté de mettre un peu d'ordre en distribuant cent autorisations selon un principe primaire : premier arrivé, premier servi. L'EMA a été fondé en 1997 pour «donner leur chance à ceux qui sont vraiment artistes». Et suffisamment consensuels.

Kasatchok. D'un coup de télécommande, Naso lance une vidéo du dernier casting : on y voit une auteure-compositrice-interprète surligner ses chansons réalistes d'une chorégraphie digne des comptines de grande section de maternelle : elle tape dans ses mains, secoue la tête et se lance dans un kasatchok bancal. «Vous voyez, elle fait de l'art, elle est dans son univers. Mais on n'a pas pu l'accrédi