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Libération

Ma marâtre est marrie

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publié le 14 janvier 2005 à 23h37

Les belles-mères se fâchent. Pas contre les enfants de leur mari, mais contre leur condition. Elles en ont marre que ce soit toujours les marmots qu'on plaigne ; ras-le-bol que personne ne les considère. Sur les forums Internet (1), elles se lâchent. «Elever les enfants des autres, c'est la plaie», balance l'une. «Je n'attends qu'une chose, qu'elle atteigne sa majorité, témoigne une autre en parlant de sa belle-fille. J'aurais su que sa gosse viendrait définitivement avec nous, je serais partie depuis belle lurette. [...] Je la trouve mal élevée et sale. Mais bien sûr, lorsque je lui demande d'aller se laver ou d'arrêter de se moucher avec les mains, c'est moi qui passe pour une méchante.» Cette violence dans l'expression révèle un profond malaise, trop longtemps tu.

Cendrillon. Avant, on s'intéressait surtout aux beaux-pères, la garde des enfants étant souvent confiée à la mère. Depuis une dizaine d'années, les décisions des juges ne sont plus aussi systématiques. Avec pour effet mécanique de multiplier le nombre de marâtres, ou plutôt de «belles-mères». Un terme plus soft, moins péjoratif, qui n'a pas pour autant effacé l'image dépréciée de la «fonction» dans l'imaginaire collectif. Catherine Audibert, psychanalyste, l'explique dans son livre le Complexe de la marâtre (Payot). De Cendrillon, qui frotte le sol sous les quolibets, à Blanche-Neige, croquant la pomme empoisonnée, en passant par Hansel et Gretel, la coupable est toujours la même : la belle-mère. Forcément mauvai