Le dimanche, les Alcooliques anonymes succèdent aux Boulimiques anonymes. Le mardi, c'est au tour des Emotifs anonymes de se réunir dans cette salle destinée aux associations du VIIe arrondissement parisien. Le principe est le même. A une différence près. Les Emotifs estiment dépendre de leurs émotions plutôt que d'un produit, d'une activité ou d'une personne.
«J'ai commencé chez les Alcooliques anonymes. Je suis maintenant abstinente. Mais j'ai toujours mes accès de tristesse...» Christine (1) ouvre les «partages», comme on dit ici. Les sept participants six femmes et un homme, entre 20 et 60 ans écoutent sans commenter. C'est la règle. Puis chacun fait part de son expérience personnelle. La voix blanche, le visage rosi, Christine raconte comment, cette semaine, elle s'est sentie angoissée, submergée par un ressentiment à l'égard d'un collègue de bureau. Des émotions qui autrefois l'incitaient à boire et qui maintenant la minent. Depuis qu'elle a découvert, il y a sept ans, les Emotifs anonymes, elle pense toutefois aller mieux.
«Dépendants». Sur la chaise pliante voisine, une femme d'une quarantaine d'années se présente «Emilie, émotive» avant d'expliquer, en se tordant les mains, ses difficultés à s'endormir depuis la mort de son père. Deux sièges plus loin, Catherine pleure en l'écoutant. Elle s'excuse, dit que ça lui fait du bien. Tous lui sourient. C'est au tour de Gilles. Il raconte sa journée, les yeux rieurs, la voix fatiguée. «Je savais que la femme de ménage