Le barman sert des whiskies à la chaîne, les murs tremblent sous les beats des DJ, les lasers et les projecteurs zèbrent l'air enfumé, les jambes chancellent, les tympans bourdonnent, les voix s'éraillent à force de hurler, il est temps de rentrer, il est... à peine 11 heures du matin. Au Siel, le salon professionnel des univers du spectacle et de l'événement, c'est la nuit le jour. Passé un rez-de-chaussée technique (la machinerie des spectacles de demain), le brouhaha azimuté du sous-sol est censé condenser les «dernières tendances» des sorties des Français.
Premier constat, désormais leitmotiv dans le secteur : la discothèque est «en crise» (Libération du 31 janvier). Pas moins de 10 % des 3 400 établissements français risquent de fermer leurs portes en 2005. Fini les Macumba, Bikini Club, Tropical Paradise : aujourd'hui la star, c'est le bar. Perché sur un comptoir, un garçon galbé jongle avec shakers, verres, bouteilles, tout en distribuant de redoutables sourires au public. Hop, double flip des verres, hop, triple salto de la bouteille, hop sourire. Le jeune homme est expert en «flair». Soit l'art de faire comme Tom Cruise dans le film Cocktail ou, pour ceux qui auraient manqué ce monument cinématographique, l'art de balancer en l'air tout ce qui tombe sous la main d'un barman avec le minimum de casse. Chez les spécialistes, on distingue l'«exhibition flair» (de l'esbroufe mais rien à boire) du «working flair» (la jonglette aboutit à la confection d'un cocktail). Pratiq