En France, la question est inédite, presque un contournement de la loi : «Au (x) quel (s) des groupes suivants vous identifiez-vous ?» On peut cocher une ou plusieurs cases : caucasien/blanc, eurasien, noir africain, métis, afro-caribéen, berbère, arabe, indien/pakistanais, asiatique. Ce n'est pas pour le recensement national. Le questionnaire «vise à mieux identifier vos attentes en tant que consommateur et vous proposer ensuite les produits et services les plus adéquats», tels des cosmétiques, des voyages, de l'alimentation halal, des cartes de téléphone prépayées... L'agence Sopi («changement» en wolof) vient de lancer la première étude quantitative pour identifier les minorités ethniques dans un pays qui refuse obstinément de les comptabiliser. Un signe parmi d'autres que la France cesse d'être aveugle sur sa propre population.

Réticences. Dans le bureau de Jean-Christophe Despres, le PDG de l'agence à Paris, entre République et Bastille, une photo de Martin Luther King, un tissu africain sur la table, et, à la poignée d'une porte, un sac à l'effigie du militant anticolonialiste Frantz Fanon. Fils de parents dentiste et chef d'entreprise, élevé dans une banlieue «où existait encore la mixité sociale», il veut promouvoir cette France multiculturelle : «Près de 10 millions de ses habitants ne sont pas comme tout le monde», annonce sa brochure. Mais qui sont-ils ? Quels goûts, quelles habitudes, quels besoins ont-ils ? L'étude (et ses 120 questions déjà soumises à 10 000 per