Le vigile est sur le qui-vive, tendu, débordé. «Il y avait déjà des gens à 6 heures, ce matin, trois heures avant qu'on ouvre», lâche-t-il. Il filtre au compte-gouttes les derniers porteurs de francs. Vue de la grille d'entrée, la succursale de la Banque de France, place de la Bastille à Paris, paraît assiégée. Une longue file serpente dans la froidure. Pas loin de 200 personnes battaient la semelle hier, date limite pour échanger contre des euros les dernières pièces à l'effigie de Marianne. On se croirait aux soldes, mais ici au moins, l'ambiance reste plutôt bon enfant.
«Fautifs». «Je suis déjà venue hier. Hélas, ils ont fermé une heure plus tôt que prévu, ils ne pouvaient pas servir tout le monde», raconte Maryse, 55 ans, qui semble avoir conservé sa bonne humeur. «Mais, vous voyez, on est tous très calmes, très dociles», poursuit-elle en se retournant vers ses voisins. Ces réveillés de la dernière heure avouent en choeur : «On est fautifs !» Du coup, ils subissent leur châtiment frigorifiés. «On était bien informés, c'est vraiment de la négligence», renchérit Annick, la quarantaine, qui précise dans un rire avoir fait le tri de ses pièces seulement la veille au soir. La Banque de France avait pourtant relancé sa campagne de communication dès le début décembre 2004.
L'autoflagellation de ces pénitents du franc ne sera pas compensé par un enrichissement à la Crésus. Les sommes en jeu sont relativement faibles même si, selon la Banque de France, certains «porteurs de valises