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Libération
Interview

Questions à Daniel Lévy-Bruhl, épidémiologiste à l'Institut de veille sanitaire.

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La France devrait bientôt disposer d'une seule seringue, associant aux vaccins contre la rougeole, la rubéole et les oreillons celui de la varicelle. Qui ne sera pas obligatoire.
publié le 22 février 2005 à 0h41

Faut-il vacciner les nourrissons contre la varicelle ?

Comment trancher lorsque les deux plateaux d'une balance sont bien remplis ? Le vaccin contre la varicelle est efficace. Généralisé aux Etats-Unis depuis 1995, il a réduit de 80 % l'incidence de la varicelle et de ses complications. Il a peu d'effets secondaires. La maladie est bénigne chez l'enfant, mais responsable d'une vingtaine de décès par an et de quelque 3 000 hospitalisations. Pourquoi alors se priver du bénéfice d'un vaccin, et pourquoi ne pas éviter des centaines de milliers de cas par an ? Parce qu'il y a des mais. En vaccinant massivement, on modifie l'épidémiologie de la maladie. Comme il n'est pas certain que 90 % des médecins et des familles acceptent, cette couverture vaccinale risque d'être insuffisante. Les enfants non vaccinés auront moins de risques d'attraper la maladie petits puisque leurs camarades vaccinés ne seront pas porteurs du virus. Ils feront donc une varicelle non pas à 3 ou 5 ans mais à 15 ou 20 ans. Or la maladie est beaucoup plus sévère avec l'âge ou au cours d'une grossesse. Les cas de varicelle restants seraient donc aggravés et les bénéfices de la vaccination amputés.

Est-ce que ça vaut le coup ?

On ne sait pas. Cette vaccination large pourrait favoriser l'augmentation de l'incidence du zona chez les adultes. Des données laissent penser que, lorsqu'un adulte a eu la maladie enfant, il réactive sa protection contre le zona à chaque fois qu'il rencontre un cas de varicelle à l'âge adulte