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Libération

De mémoire de homard

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Le crustacé ne ressent-il vraiment pas la douleur?
publié le 28 février 2005 à 0h45

Du homard nous parviennent des nouvelles contradictoires. La semaine dernière, on apprenait, sous la plume de chercheurs norvégiens, que cette brave bête ne ressentait probablement rien lorsqu'on la plongeait dans l'eau bouillante. N'ayant guère plus de matière grise qu'un insecte, elle ne serait pas suffisamment équipée pour souffrir. La nouvelle a immédiatement fait grand bruit dans le nord-est des Etats-Unis, région qui jouit d'une double ressource : une industrie des crustacés très développée et des associations de défense des animaux vraiment combatives. D'où débats infinis sur les tourments prémayonnaise endurés par les homards du Maine.

Il n'est pas sûr que l'étude norvégienne suffise à trancher la question. Car, voilà juste un an, des chercheurs de Boston démontraient, eux, que le homard avait de la mémoire, du moins juste assez pour se rappeler quels congénères éviter. Un Homarus americanus qui s'est fait mettre une peignée par un autre Homarus americanus fait tout pour abréger un nouveau combat lorsque, par le hasard du fond des mers, les deux individus viennent à se rencontrer de nouveau. On imagine donc qu'un tel animal saurait se tenir à l'écart des casseroles d'eau bouillante si ­ hypothèse peu probable ­ il venait à en croiser plusieurs dans sa vie.

Nous ne savons rien de l'angoisse du crustacé au moment du plongeon dans le court-bouillon. Nous ne connaissons que la nôtre, au moment de l'y jeter. On donne à l'Unicef, on est gentil avec ses beaux-parents mais, tô