Des petites languettes de papier buvard circulent en silence. Les narines sont dilatées. Une jolie brune se lance : «Hum, ça me rappelle mon enfance, c'est le printemps, on est allongés dans l'herbe, il y a du linge qui sèche...» «Tu rigoles ! coupe sa voisine. Ça pue le détergent. On se croirait dans une clinique.» Autour de la table, des femmes : Eve, la trentaine, professeur d'anglais, Alexia, 15 ans et demi, apprentie esthéticienne, et Nathalie, quadra et cadre commerciale chez le parfumeur Azzaro, participent à l'un des quatre «ateliers parfum» mis en place par le couturier Thierry Mugler (1). Le lundi, c'est «Passion-nez», une journée «pour redécouvrir son odorat, et apprendre à s'en servir», dit l'animatrice Patty Canac, professeur à l'Isipca, un centre de formation à la parfumerie.
«Vous devez flairer !»
Patty distribue d'autres petits buvards. Cris de dégoût. C'est la fragrance «bouse de vache». Elle l'a choisie pour dénoncer «le clivage bonnes et mauvaises odeurs». «Nos sociétés ont banni les odeurs pour se distinguer de l'animal. Mais si notre nez est au milieu du visage, ce n'est pas un hasard. L'odorat est notre équilibre. Il nous permet de communiquer, de retrouver des émotions du passé, de reconnaître des dangers.» Sur la senteur de la madeleine de Proust et des phéromones qui font tomber raide dingue, Patty est intarissable : «Aujourd'hui, la médecine se sert à nouveau du flair pour ses diagnostics. Vous aussi, vous devez flairer !»
Attentifs à son odeur
Sentir et «se sentir soi-même», pour Patty, c'est p