Dans la famille E., je demande la mère. Elle verse une large rasade d'huile dans une poêle, pareil dans une autre, puis ici un steak, là une sorte de ratatouille, ouvre le frigo, prend une bouteille de Coca, en met dans un biberon, l'apporte à un petit garçon, assis sur un clic-clac à côté d'un homme, corps et regard fixes, le son de la télé est à fond.
Qu'est-ce qui a poussé cette famille de la banlieue lyonnaise mère employée dans une collectivité, père ouvrier aux trois-huit à accepter la présence d'une caméra aux heures des repas, dans sa cuisine et son séjour, pendant une semaine ? Un quart d'heure de célébrité ? Non, ils ne seront vus que par une centaine de personnes. L'indemnité de 400 euros ? Sans doute. De quoi mettre du beurre dans leurs épinards.
Qu'est-ce qui a poussé Findus, leader du surgelé en France avec ses épinards à la crème, son poisson pané et ses pommes rissolées, à filmer ainsi le quotidien alimentaire de neuf familles (1) ? «Observer le décalage entre la vie réelle et la vie rêvée», claironne Mathieu Lambeaux, directeur marketing de Findus Europe. Dans un studio-régie à Paris, relié aux caméras installées, il jubile face à la famille D. : «Regardez ! Lors du casting, cette femme avait dit faire attention à son poids, tout comme l'une de ses filles. Et elle vient de la resservir en glace ! Typique du décalage entre ce que les gens déclarent et ce qu'ils font effectivement.» A ses côtés, derrière les neuf écrans de visionnage, monteurs et marketeurs