Ils continueront leur boulot sous les insultes. La Journée de la courtoisie au volant, qui a lieu aujourd'hui, n'y changera pas grand-chose. Les livreurs vivent au coeur des embouteillages, qu'ils provoquent et subissent. En essuyant tonnerre de klaxons et pluie d'invectives. «Connard» tient toujours la corde, «nique ta mère !» gagne du terrain, «fils de pute» résiste.
En agglomération, les places de livraison sont rares, souvent occupées. Ainsi, 75 % des arrêts se font sur des emplacements illicites : double file, trottoir, milieu de la chaussée (1). Quelle tactique adopter face à la bronca des automobilistes ? Employé depuis dix ans dans une société de débarras de caves à Paris, Malik Cherchour ne prend pas de gants: «J'ai à peine le temps d'ouvrir le camion qu'ils klaxonnent. Je supporte pas ça, alors je réplique, je leur dis de fermer leur gueule et d'aller se faire enculer. En général, ça les calme...» Tout l'inverse de Francis, 37 ans : «Quand ça aboie, je m'excuse même si j'ai raison, et je me dis tout bas "quel connard", sinon ça dégénère, je n'avance pas le boulot et je me disputerais tous les cent mètres.» Un mécanisme de défense partagé par Mohammed, originaire de Côte-d'Ivoire et livreur par nécessité il est dessinateur en génie civil. Lui parle de «courage» et de «patience». «Répondre au mal par le mal, ça n'avance à rien. Moi, je ne fais que leur demander pardon.» Gilles, 28 ans, prend aussi sur lui. Métis, il a déjà eu droit à : «T'as passé ton permis sur un