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Le maillon faible de l'homme de Néandertal

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Nouvelle théorie: il n'avait pas la bosse du commerce et ce fut fatal.
publié le 11 avril 2005 à 1h40

L'homme de Néandertal était sûrement un type sympa, mais il n'était pas très futé, dit-on. Il a disparu de la planète voilà 30 000 ans, après y avoir passé 260 000 années plus ou moins agréables. Il n'aurait pas survécu à la baisse des températures lors du dernier âge glaciaire, affirment les uns. L'homme moderne, meilleur chasseur, l'aurait supplanté, assurent les autres. Or voici qu'une équipe d'économistes débarque avec une théorie toute neuve : l'homme de Néandertal aurait été victime... du libre-échange. Selon Jason Shogren (université du Wyoming) et deux de ses collègues, l'homme moderne (c'est-à-dire nous) était bien meilleur côté commerce. Ce talent s'est accompagné d'une division des tâches qui a permis aux bons chasseurs de chasser à plein temps, tandis que d'autres se repliaient sur la fabrication d'outils, etc. La répartition des ressources excédentaires faisait carburer le commerce. Et la spécialisation croissante des individus nous aurait ainsi conféré un avantage, à la fois en termes d'innovation et d'efficacité sur les terrains de chasse. Tout cela sera expliqué par le menu dans un prochain numéro du Journal of Economic Behavior and Organization, sous le titre : «Comment le commerce a sauvé l'humanité de l'exclusion biologique : l'énigme Néandertal revue et corrigée.» Résumons : le protolibéralisme, ancêtre lointain du néolibéralisme, aurait sauvé l'humanité. C'est dire s'il va falloir y réfléchir à deux fois avant de voter non au référendum : peut-on refuser