Les sourcils levés, la mine curieuse, la dame au tailleur chic examine un petit sachet de nourriture. «Le café le plus rare et le plus extraordinaire du monde», lit-elle à voix haute. Puis, moue de dégoût. «Les grains ont été avalés par des civettes et récoltés parmi leurs crottes.» Elle repose le sachet du bout des doigts. Cette cliente à l'impeccable mise en pli ne connaîtra pas le «délicat parfum chocolaté» lié à «l'action du système digestif» de la cousine du putois. A 33,35 euros les quelques grammes, elle a fait des économies. Mais voilà qu'elle attrape un sachet de «thé cueilli par des singes».
Singes cueilleurs. Ce ne sont pas des canulars. Le grand magasin parisien Le Bon Marché s'est même donné un mal fou pour dénicher ces denrées. Elles sont exposées et vendues jusqu'au 11 juin dans le cadre d'une opération baptisée Food Fashion Victim of the World. «Une sorte de quinzaine de la mode alimentaire, comme il y a la saison des défilés pour la haute couture, explique Françoise Flament, directrice marketing de La Grande Epicerie du Bon Marché. Aujourd'hui, il existe des aliments tendance, des marques de nourriture branchées.»
Les responsables des achats de La Grande Epicerie ont ciblé leurs recherches sur les cinq «capitales de la mode» : Londres, Tokyo, New York, Paris, Milan. Et c'est à Londres que la marque «ultrahype» Edible («comestible» en anglais) commercialise le café aux crottes et le thé sélectionné par les primates. La cliente poursuit sa lecture. «Les Chinois