Le Chay (Charente-Maritime), envoyée spéciale.
Depuis le matin, il attendait, debout sur sa canne à l'entrée du chemin. Quand il l'a vue arriver, Jean, 77 ans, s'est jeté sur sa soeur Cécile, 79 ans. Ils ne s'étaient jamais rencontrés avant. Ils sont maintenant assis côte à côte, derrière une nappe fleurie. Ils ont du mal à se regarder. De temps en temps, ils se serrent dans les bras. «J'ai été heureux dans ma vie, dit Jean. Mais jamais comme aujourd'hui.» Jean a noué une cravate sur sa chemise western, Cécile est en tailleur élégant. Tous deux placés en structure d'accueil à leur naissance, ils se sont toujours crus «sans famille». «A 18 ans, j'ai été à la mairie, raconte Cécile. On m'a dit : "Vous n'avez rien, pas de mère, pas de soeur, pas de frère."» Mêmes démarches avortées du côté de Jean. «Il faut dire qu'on s'appelle Dupont, rit-il. Pour les recherches, ça aide pas.»
Il y a un an, Cécile a eu l'idée de faire appel à Patricia Fagué. En 2000, cette journaliste de 37 ans a monté sa société de recherches familiales, Personnes disparues. Une structure originale qui, contrairement aux détectives privés, ne réclame de l'argent que si elle retrouve les gens (1). Pour gagner sa vie, Patricia continue ses activités de journaliste pigiste. «Mon objectif est de développer ma société et, à terme, d'en vivre complètement.»
«Ne pas lâcher». Enquête de voisinage, recherches dans les mairies, préfectures, archives... En six mois, Patricia a reconstitué l'arbre généalogique de Cécile et