Quand Mustapha, 22 ans, écoute son rap east coast un peu fort, Jean, né en 1922, admet qu'il se met «à gueuler». L'octogénaire trouve surtout Mustapha «trop calme, il ne parle jamais». Petits ennuis d'une colocation ordinaire dans un pavillon de Val-de-Fontenay (Val-de-Marne)... Mais les deux membres de ce binôme improbable se complètent. L'ancien commerçant grossiste en fruits et légumes, rigolard, fan de Gabin, déprimait depuis la mort de son épouse en janvier 2003. «Je cherchais un peu de compagnie, quelqu'un qui soit là la nuit.» Mustapha préparait un bac pro plasturgie à Gennevilliers, mais ne pouvait plus habiter chez sa cousine. «J'y étais depuis quatre ans, ça devenait compliqué.» Une association, le Pari solidaire, fait le lien, les présente. Le lycéen s'installe chez le retraité, gratuitement, en échange «de présence et d'un peu de jardinage». Et le duo devient un des couples modèles du logement intergénérationnel. «Cela répond à deux besoins sociaux très forts : la solitude des personnes âgées et le manque de logements étudiants», analyse Michèle Dupont, à l'origine d'Atout'âge, qui organise aussi ce nouveau type de colocation.
«Jeunes à capuche». La formule a été lancée en France à l'été 2004, mais, un an après, elle peine à se populariser, au contraire de l'Espagne où, depuis sept ans, le principe parti de Barcelone s'est étendu au niveau national (lire ci-contre). De ce côté-ci des Pyrénées se multiplient des structures associatives enthousiasmées par l'idée, et