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Libération

La chine fait le trottoir

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publié le 2 juillet 2005 à 2h50

La pauvre dame a l'air effondrée sous son voile : «Alors ça madame, je vous le dis, c'est la dernière fois que je fais un vide-grenier ! Je me suis levée à 4 h 30, j'ai déballé tous les jouets de mes mômes, j'ai même pas fait 20 euros, alors que j'en ai déboursé 24 pour deux mètres de trottoir». En l'occurrence, celui du boulevard de Charonne, dans l'Est parisien, écrasé par le soleil de ce dimanche de juin et recouvert de centaines de tréteaux, couvertures, tables de tapissier ou de camping.

En face de la dame, Sébastien compte : «On est 500 à peu près.» En BTS de gestion, il a 23 ans et pour l'heure ­ 16 heures ­, à peine 100 euros net dans la poche, surtout grâce à la vente de ses vinyles. «Ça fait huit ans que je fais deux ou trois vide-greniers par an, en fonction du nombre d'exposants : à moins de 400, il n'y a pas assez de clients. Mais c'est de plus en plus dur, parce qu'il y a de plus en plus de vide-greniers et de gens qui s'y mettent. Donc, on gagne moins de fric, d'autant que les gens marchandent tout le temps.»

Beaux quartiers. Le vide-grenier victime de son succès ? «Et du passage à l'euro aussi, parce que avant, de dix balles on passait à huit, maintenant on réduit de 50 centimes, c'est énorme», se lamente l'étudiant, qui paie son «Internet, portable, assurance de voiture avec les gains du vide-grenier». Pour lui, «une bonne broc, c'est à partir de 150 euros». De manière systématique, il récupère, stocke, fait les poubelles. «Les vinyles, je les ai trouvés dans