La saison commence. Celle de la fabrique des miss. Dans les campings et discothèques, les bourgs de l'arrière-pays et les plages du littoral, des centaines d'adolescentes vont tenter leur chance, cet été, à des concours locaux, ascenseurs plus ou moins performants sur le marché de la beauté. La plupart de ces élues rêveront aussitôt de monter plus haut : passer de Miss Camping à Miss Département puis, qui sait, à Miss France. Dans le dernier numéro d'Ethnologie française (1), Anne Monjaret, ethnologue au Centre de recherches sur les liens sociaux (CNRS), et Federica Tamarozzi, ethnologue au musée des Arts et Traditions populaires, ont étudié les concours de beauté nationaux et leurs critères, entre mesurable et non-mesurable, entre norme et exception.
Qui sont les aïeules des miss d'aujourd'hui ?
Anne Monjaret. Au XIXe siècle, les confréries féminines élisaient une jeune fille pour représenter le groupe. Les filles de sainte Catherine, toutes âgées de 15 à 25 ans, en sont un exemple. De ces pratiques, il nous reste la Sainte-Catherine (le 25 novembre, ndlr), jour où les célibataires de 25 ans, «catherinettes», sont coiffées d'un chapeau vert et jaune. Encore au début du XXe siècle, la sélection se fondait sur la vertu, le mérite et la bonne moralité. A Douarnenez, dans les fabriques de sardines, on élisait ainsi une jeune fille. A Nanterre, une rosière se voyait offrir une gratification financière de manière à constituer une dot lui permettant d'échapper au célibat.
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