Assis sur les coussins de la salle vidéo, chacun y va de son commentaire : «Eh, Lise elle filme le poteau !», «Regardez, Laëtitia elle fait que rigoler !» Priscilla, Lise, Jordan, Marie, Farid et Carina sont élèves à l'Institut médico-éducatif (IME) Robert-Desnos, à Orly. Agés de 14 à 18 ans, ce sont des adolescents «en difficulté intellectuelle» : des problèmes d'élocution, de compréhension, d'autonomie leur «compliquent la vie». Pour certains, depuis la naissance, pour d'autres, suite à un traumatisme d'enfance. «Quand ils circulent en ville, ils butent sur des choses que nous, nous remarquons à peine, explique Michel Fèvre, un de leurs enseignants. Par exemple, si un passage piéton n'est pas matérialisé par une peinture bien visible, ils n'osent pas traverser.»
Avec sa collègue Martine Savigny, également enseignante spécialisée à l'IME RobertDesnos, Michel Fèvre a eu l'idée d'un projet qui transforme le handicap en atout. Point de départ, une balade en ville : «On a remarqué plusieurs situations problématiques : voitures mal garées, carrefours dangereux, signalisations manquantes...» La petite troupe décide de repartir sur le terrain, armée de caméras vidéo. «D'abord, on avait fait des photos, raconte Farid. Mais on voyait pas bien dessus. La vidéo, c'est plus pratique pour expliquer les problèmes aux gens.»
«Citoyens». Car le but de l'opération, «c'est pas juste de râler», précise Priscilla. «On ne les encourage pas à être rouspéteurs, mais à être citoyens, appuie Michel F