Bordeaux, correspondance.
Cela ressemble à un jeu vidéo. Même écran qui défile, même sensibilité extrême du volant, même envie d'appuyer à fond sur le champignon. Sauf que cette simulation n'est pas un jeu, mais un instrument d'étude de l'hôpital Pellegrin de Bordeaux, inauguré samedi par le délégué interministériel à la sécurité routière, Rémy Heitz. Installé dans une vraie voiture dans un garage du CHU, le cobaye «roule». Une heure, deux. Parfois plus. Le décor est terne au possible, les variations multiples (jour, nuit, voitures, camions, etc.). Enregistré, le comportement du conducteur est ensuite décortiqué, afin de comprendre les causes de la somnolence au volant. Selon le docteur Pierre Philip (1), qui conduit le projet, la somnolence serait responsable de 20 % des accidents de la route, et de 30 % des accidents sur autoroute. «Ces chiffres nous proviennent de l'étranger. En France, nous nous sommes malheureusement jusqu'à présent concentrés sur les comportements intentionnels (alcool, drogue, vitesse excessive) sans voir que l'attitude au volant repose aussi sur l'état de santé du patient.» Pourquoi une personne ayant dormi cinq heures maintient-elle son cap et sa vitesse, quand une autre est complètement dans les choux ?
Bien sûr, le simulateur en est encore au stade de l'expérimentation. On n'y ressent ni les mouvements de la voiture, ni les sensations du freinage. Quant aux effets psychologiques de la conduite, ils sont forcément différents. «Mais ce n'est pas ce qu