Orléans, correspondance.
Si la crémation est aujourd'hui entrée dans les moeurs 23,5 % des décès en 2004 , elle pose un problème resté jusqu'alors sous silence : celui du statut juridique des cendres. A qui appartiennent-elles ? Peut-on se les partager ? A-t-on le droit de les disperser à tout vent ? Des questions sans réponses que le phénomène croissant de recomposition familiale accentue parfois tragiquement.
«Consensus». «La seconde épouse de mon ex-mari refuse de me donner l'urne funéraire», regrette une jeune femme de la banlieue lyonnaise. Cette «copropriété familiale inviolable et sacrée» c'est ainsi que l'urne est définie par une jurisprudence de janvier 2003 n'a pas vocation à appartenir à l'une ou l'autre des épouses successives. Pour décider de la destination finale des cendres et si le défunt n'a laissé aucun testament précisant sa dernière volonté, seul un «consensus de l'ensemble des ayants droit» peut permettre de trancher le litige. En cas de désaccord profond, il faut se tourner vers les tribunaux.
Une situation extrême que Jean-Pierre Sueur, sénateur du Loiret, a voulu recadrer au travers d'une proposition de loi qu'il vient de déposer avec une trentaine de ses collègues. «Nous voulons marquer, dans la loi, le respect dû aux restes humains, quels qu'ils soient, insiste-t-il. Cette proposition de loi s'inspire de la conception laïque et républicaine de la législation en vigueur sur les cimetières.»
Appropriation. Sa proposition définit quatre destinations