Moncrabeau, envoyé spécial.
Moncrabeau est un village quasi fictif. Où toutes les informations sont à mettre au conditionnel. Où chaque propos est sujet à caution, et où rien ne peut être tenu pour sûr. Une seule certitude : Moncrabeau est un village de menteurs. Ses 700 habitants l'assument d'ailleurs parfaitement et élisent chaque année, le premier dimanche du mois d'août, leur nouveau roi du genre, qui n'a rien à envier à certains présidents en termes d'abracadabrance.
Partout dans le village, des panneaux sont censés tromper. Ici, on salue la visite de la reine d'Angleterre ; là, on indique une ancienne mentherie (séchage de la menthe) ; ailleurs, on célèbre l'informaticien de Louis XV. «On en apprend tous les jours», s'étonnent des touristes, pas encore dans le bain. Rue Cocu-Saute (ou sauté, il y a débat), la légende veut qu'un cul-de-jatte trompé par sa femme se soit tué en s'élançant d'un muret. Soit.
Délirer. Lorsqu'on peine à distinguer info et intox, autant demander aux autochtones. Cette poste, au milieu du village, qui ouvre même le samedi, est-ce bien réel ? «Oui, mais sûrement plus pour très longtemps», regrette une habitante. Et cette affiche pour un concert à venir d'Alan et les Alanettes à Nérac, à quelques kilomètres de là ? «Bien sûr. C'est le sosie de Claude François !» Sincère aussi et forcément partiellement véridique, le discours de Ghislaine qui se lance sans qu'on ne lui ait rien demandé : «Aujourd'hui avec 100 euros, t'as plus rien dans ton panier.»
Ré