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Libération

«L'impression grisante de transgresser un interdit».

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publié le 14 septembre 2005 à 3h41

Lyon envoyée spéciale

Son corps accuse 84 années de vie. Aidée de son déambulateur, elle se dirige entièrement nue vers les cinquante conteneurs stationnés sur le port. Il est 7 h 40 et la température est de10°. Maria, comme ces 1 491 autres personnes aussi dévêtues et frigorifiées qu'elle, obéit aux injections d'un mégaphone. Dans quelques instants, ils vont devoir s'allonger sur le béton glacé. L'installation du photographe Spencer Tunick a encore une fois attiré des milliers de figurants (lire ci-dessous).

Avertissement. C'est dans un courriel envoyé le 10 septembre à tous les inscrits que ces derniers ont appris l'heure et le lieu des deux rendez-vous. Avec un avertissement : «Souvenez-vous que nous nous rassemblons afin que Spencer puisse réaliser une oeuvre d'art, il ne s'agit ni d'une fête, ni d'une manifestation».

«Cela fait des siècles que je n'avais pas été aussi heureuse», avoue Maria, qui, dans les années 40, posait pour des peintres. «J'ai voulu montrer qu'un corps existe quel que soit son âge.» C'est par centaines que les poseurs débarquent dès 4 h 30 aux grilles du port Edouard-Herriot. Ils sont originaires de la Drôme, de Paris, de Stockholm, de Cleveland... Ils déboulent par bandes, en couple main dans la main, seuls, comme la très timide Martine, secrétaire : «C'est Georges (Georges Verney-Carron a invité Spencer Tunick à la Biennale d'art contemporain, ndlr) qui m'a convaincue de participer à cette opération complètement dingue. Je suis très gênée de me désha