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Libération

La nuit sur un toit brûlant

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Escalader, se hisser, glisser... au sommet des monuments de Paris. Une passion partagée par de nombreux «toiturophiles».
publié le 1er octobre 2005 à 3h54

Un pied sur une barre en fer de cinq centimètres de large. L'autre au sommet d'une palissade branlante. Quinze mètres de vide sous les baskets. On est foutu. «Allez, plus que quelques pas et tu es sur l'échafaudage !» Des pas ? Les pieds ne répondent plus et les genoux ont fondu. «Allez, lance-toi !» Le front suant la trouille, les yeux écarquillés, nous reviennent en mémoire les raisons de notre présence ici. Ici, à quelques «pas», donc, de l'échafaudage permanent qui recouvre l'église Saint-Sulpice, à Paris. D'abord, l'affiche choisie pour présenter la quatrième édition de la Nuit blanche (1) : un homme, assis à l'envers au sommet d'une cheminée, prend le frais... Ensuite, la proposition d'un ami photographe de concrétiser l'affiche. «Tu vas voir, il y a plein de gens qui montent sur les toits. On appelle ça des toiturophiles. Moi, j'y vais de temps en temps, je peux t'emmener. Ça peut faire un chouette article.» Ça peut, à condition de redescendre en vie pour témoigner. Fesses en arrière, bras en avant, on progresse millimètre par millimètre. Enfin, la main tendue, les pieds sur une vraie grille. «Maintenant, c'est plus que du bonheur, ose sourire l'ami. Il suffit de monter les escaliers. C'est normal qu'ils condamnent les premiers étages de l'échafaudage. Sinon, il y a trop de gens qui grimpent.»

Les lumières brillent à travers la toile qui recouvre le chantier. Il est minuit. On monte quatre à quatre. «Viens toucher une volute ! crie l'ami, en tâtant un des détails du fr