Le déséquilibre géographique et social du Monopoly (première version) n'avait pas échappé aux géographes. Et notamment à Marie-Françoise Fleury, professeur à Gagny, et Hervé Théry, chercheur au CNRS, qui, il y a quelques mois, l'ont dénoncé dans un texte commun. Scandale : la rive gauche, la rive «de la culture et des institutions», ne compte que quatre rues (Lecourbe, avenue de Breteuil, Vaugirard et boulevard Saint-Michel) et une gare (Montparnasse) sur le plateau de jeu. De façon plus générale, «les quartiers d'affaire, du luxe et du commerce» sont surreprésentés.
Les arrondissements du nord (comme les XVIIIe et XIXe), de l'est (comme le XXe) et du sud de la capitale (comme le XIIIe et le XIVe) sont absents du jeu. Plus étonnant, «aucune rue n'a été choisie sur les îles Saint-Louis et de la Cité, centre historique de la capitale». Sans vouloir révolutionner le plateau (comment faire tomber la Bastille ? elle n'est même pas représentée), Marie-Françoise Fleury et Hervé Théry se sont amusés à proposer des évolutions pour tenir compte du bouleversement du prix du foncier mais aussi pour mieux assurer la représentativité des différents quartiers. Dans leur projet, le boulevard de la Chapelle remplaçait ainsi la rue de Courcelles ; le quai de Bercy chassait la rue de Paradis ; l'avenue du Général-Leclerc enterrait l'avenue de Neuilly et l'avenue de Choisy déloge l'avenue Mozart. Entre autres. Comme dans tout projet de grands travaux, certains choix sont discutables. Remplacer l