De Gaulle avait sa DS rallongée, immatriculée 1 PR 75. PR comme président de la République... Chirac, lui, est sorti du Val-de-Grâce et a commencé sa promenade de santé, en embarquant dans une C6. A croire que les plus hauts personnages de l'Etat, surtout quand ils sont de droite, ne peuvent résister à la marque au double chevron.
Ces derniers jours, la DS fêtait ses 50 ans, s'exposait à la Fiac et à la Villette, défilait en nombre (1 600) dans Paris. Surtout, la DS reste cet emblème de la France des trente glorieuses, qui découvrait la prospérité pneumatique et la modernité à gueule de squale. La C6, elle, signe le retour de Citroën dans le haut de gamme après une phase de reconstruction qui a vu la majeure partie de la génération C (C3, C2, C4, C1 dans l'ordre) rompre avec la logique notariale et chabrolienne qui survit encore dans les bajoues dodues de la C5.
Féminine. Devant l'assurance des allemandes (Audi A6, Mercedes 280, BMW 530) qui tiennent le haut du pavé dans la catégorie berline, les Françaises se doivent de répondre à deux injonctions contradictoires : fournir du luxe standard et affirmer leurs différences. La Vel Satis a tenté une option osée, très cut-up. La C6 est moins tranchante, plus féminine, moins radicale, plus déliée. La morphopsychologie qui, à nouveau, s'applique à des voitures qui ont repris face humaine pour rompre avec l'homogénéisation blême, la verrait bien en attendrie au regard souligné (les phares avant), aux lèvres retroussées (la calandre en