D'abord, on enfile au gros orteil une sorte de string. Le nôtre est un triangle de crochet blanc. L'idée est d'habiller son dessus de pied, ou en tout cas, de donner l'illusion d'être chaussé. Mais les ficelles se défont. Et on finit par adopter la tenue du barefooter qui assume : c'est-à-dire pieds nus. Olivier, notre guide, marche en regardant droit devant lui. C'est tête baissée que la novice se lance. Zigzague entre les crottes, les rigoles de pisse de chien, les crachats et autres joyeusetés de la ville. «Avec la pratique, ça deviendra instinctif. Tu n'auras plus besoin de regarder où tu marches. Lorsque l'on porte des chaussures, on fait moins attention où l'on pose les pieds et l'on ramène tout un tas de cochonneries chez soi», assure le pro. On veut bien le croire mais pour l'instant, prudence.
Direction une grande surface parisienne, histoire de vérifier si les «va-nu-pieds» sont les bienvenus. L'agent de sécurité nous suit du regard. «On appelle cela le dévissage», explique le barefooter. Plus loin, au rayon boissons, un homme lave le carrelage. Son regard fait le va-et-vient entre les empreintes noires laissées derrière nous et nos pieds. Il rit, nous aussi. Le carrelage est froid, on se gèle la plante. Olivier se dirige vers le métro. Il fonce dans la foule, tandis qu'on cherche à éviter les chaussures. C'est fou ce qu'une multitude de souliers pressés peuvent être dangereux. Ricanements dans le wagon. «J'ai été confronté à toutes sortes de réactions alors mainten